Claire Diterzi : L’Arbre en Poche

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Claire Diterzi : L’Arbre en Poche, c’est le spectacle créé par Claire Diterzi. Inventive, irrespectueuse, instinctive, la Tourangelle nous surprend toujours. A l’occasion de sa venue au Théâtre de Verre, à Châteaubriant, nous avons échangé. Un interview sans filtre.

Bonjour Claire Diterzi, L’Arbre en Poche c’est Quoi ?

Ô Ben dis-donc, tu ne me facilites pas la tâche là. L’Arbre en Poche c’est quoi ? Là, je m’adresse aux gens qui ne l’ont pas vu. Faut leur donner l’envie de venir voir une chose qui rentre dans aucune case. Moi, je suis identifiée comme une chanteuse, une musicienne et il s’agit d’un spectacle que j’ai écrit… qui s’apparente au théâtre musical opératique. Tout ça pour dire qu’il ya beaucoup de choses, beaucoup d’éléments, et beaucoup de disciplines dans l’Arbre en Poche.

Là je parle un peu de la forme et du genre, mais déjà « L’Arbre en Poche », c’est un anagramme du Baron Perché. Donc j’ai écrit ce spectacle à partir du livre d’Italo Calvino qui raconte l’histoire d’un petit garçon qui est en émancipation. Dans la désobéissance, dans la rébellion et je trouve que ce sont des valeurs qui font du bien en ce moment. C’est l’histoire de ce personnage qui va grandir et qui va passer dans les arbres, et dans la nature. J’ai envie de résumer mon spectacle en disant qu’il fait preuve d’empathie envers la nature, envers la différence. Un spectacle sur les préjugés, qui dénonce un peu les idées de chapelle. C’est un spectacle où les gens qui n’ont pas l’habitude d’aller à l’opéra verront un contre-ténor. Ils  verront aussi six percussionnistes qui jouent dans ce spectacle.

Les écrivains-vaines qui te transpercent, qui t’émeuvent ?

C’est toujours difficile. Ce n’est jamais exhaustif…Je vais citer juste une chose. Le Baron Perché d’Italo Calvino, en tous cas qui m’a bien occupée toutes ces dernières années, puisque j’ai travaillé à partir de ce roman. Et Léon Tolstoï, Anna Karénine. Je dis cela car je suis à fond là-dedans pour ma prochaine création.

Pour toi la plus belle chanson de Johnny Hallyday ?

Ah AH ah, c’est une punition pour moi ( rires…). Y’en a aucune, je déteste Johnny Hallyday.

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Les gens qui t’entourent sur scène, qui sont-elles, sont-ils ?

Les gens qui m’entourent sur scène ça dépend déjà des projets. En l’occurrence pour celui-là les gens qui m’entourent sur scène dans l’Arbre en Poche,  un contre-ténor, Serge Kakhudjy, d’origine congolaise, donc un chanteur d’opéra. Six percussionnistes, Lucile, Lou, Stéphane, François, Mathieu et Thibault, extraordinaires.  Quatre garçons, deux filles, des percussionnistes issus vraiment d’une formation très classique. Des musiciens de conservatoire qui interprètent une partition de musique contemporaine. Un comédien, Alexandre Pallu. Et je m’accompagne moi-même aussi dans mon spectacle, où je joue le rôle d’une sorcière.

Tu es toujours à la marge. Petite tu écrivais dans la marge de tes cahiers ? C’est quoi la marge ?

Elle est super la question…rires. Parce je trouve que c’est très difficile aujourd’hui. L’esprit humain est très conservateur au fond. Plus je vieillis, plus je m’en rends compte. Et c’est très difficile de sortir des cases et d’inventer son parcours sans être étiquetée. Et surtout de se débarrasser de ces étiquettes qu’on nous a attribuées. Oui la marge est importante, et je trouve qu’elle est de plus en plus réduite. On est dans un monde tellement marqueté, tellement…L’espace marchand a tout pris. Donc la marge qui est contre ça est très fondamentale. Et en tous cas, je suis dans cette marge là. Dans celle qui dit  » Ben non, vous ne me vendrez pas Johnny Hallyday…et vous me laisserez avancer et ouvrir des portes que personne n’a jamais ouvertes » En tout cas, c’est ça qui est rigolo dans la création.

Le grand bruit des désespéré(e)s qui sont aujourd’hui dans les rues, ça t’inspire quoi ?

Euh, c’est un vaste débat. Moi, je suis évidemment très très bouleversée par la déchéance de la Terre. Par le fait que même l’eau devienne un objet de rentabilité. Qu’on n’ait pas d’empathie envers la nature. Je suis avant tout vraiment très très inquiète pour ça. Et cette empathie pour la nature, elle se répercute sur la nature humaine.

C’est à dire que les gens n’ont plus d’empathie les uns pour les autres. Alors on pense à sa petite gueule. Je suis gênée par la retraite. Oui il faut des réformes. Oui, c’est chiant on perd des acquis sociaux, c’est pas bien. Ça rejoint ma réponse de toute à l’heure. Le fric a pris le dessus sur tout. Donc les gens dans la rue, ils s’indignent de ça. Et c’est très important. Mais je trouve que le discours n’est pas cohérent. Je trouve tout le système dans lequel on est. Les valeurs de confort, ces valeurs de capitalisme dans lesquels on est embués. Un jour, le pognon n’aura plus du tout de valeur.

Comment on va sortir de cette dépendance ?  On est mal barrés. Alors les gens dans la rue, je trouve qu’il leur manque un leader. Il leur manque un Baron Perché. Il leur manque des philosophes qui parlent de la nature, de l’empathie, du respect des autres, de la tolérance.

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Qu’est ce qui te donne envie de te lever le matin ?

Ben je viens d’une nature guerrière. C’est ma façon de descendre dans la rue, de me lever de mon lit pour écrire des spectacles. Faire en sorte que mes projets vivent. Écrire des spectacles qui parlent de sujets fondamentaux. Comme ça la nature, la liberté, l’émancipation, le respect des femmes, la difficulté d’être une compositrice aujourd’hui. Je me suis toujours levée.

« J’ai un tempérament combatif. Je suis dans la résistance. Dans la résistance par rapport au système, par rapport à la corruption. »

Tout ce qu’on nous impose, par rapport à ce monde de merde. Y’a plus de place pour la chanson. Pas de relais dans les média de masse pour des choses pointues. Je trouve cela fondamentalement grave. Je me lève pour ça. Et je sers à ça. Tous les chanteurs ont une fonction différente dans la société. C’est du courage. Faut se battre. Faut s’abimer. C’est très fantasmé les métiers d’art. Car constamment, tu te casses la gueule. Et il faut être courageux pour se relever.

Ce n’est pas dans l’air du temps d’éveiller les consciences. Or le rôle de l’artiste il est là.

recueilli par Alain Moreau.

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