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Pascal Bezard : l’impact

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Pascal Bezard : l’impact, une interview où l’écrivain nous raconte une partie de sa vie, entre la Loire Atlantique et l’Auvergne, ses expériences, sa vie à Châteaubriant, l’histoire de ses livres, son point de vue sur le monde de l’édition et son amour des auteurs du XX° siècle. J’ai connu Pascal Bezard par les réseaux sociaux et l’univers de l’auto-édition, au travers de ses livres, largement évoqués dans cet échange.

Quelques mots sur l’invité

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Pascal Bezard – 2020

Pascal Bezard est né en France, à Châteaubriant, près de Nantes en 1964. Il est passionné de littérature depuis son jeune âge, notamment par des écrivains engagés. Il a écrit « Le sang blanc » et a attendu un an avant de le publier. Pascal est atteint de la maladie de Basedow et vit désormais près de Clermont-Ferrand où il continue d’écrire. Cet écrivain très discret donne très peu d’interviews mais il est possible de le rencontrer aux rares salons auxquels il participe. Il a publié un nouveau roman L’impact, dès la rentrée 2018, la nouvelle Le Captain’  fin 2019. Un troisième roman: La fille du week-end est sorti au début de l’année 2020.

Les livres de Pascal Bezard et pourquoi je les ai aimés

Le sang blanc

pascal-bezard-limpactUne histoire authentique où Pascal Bezard nous fait vivre un an de la vie de Max, atteint d’un lymphome, un fait de vie qui peut toucher chacun de nous. Beaucoup de moments d’humour, de dérision, de réflexion, sur un rythme soutenu ou au point mort, jalonnent ce parcours atypique plein de pudeur et d’émotions. L’auteur nous fait partager, dans l’ombre de Max, les thèmes qui lui sont chers et son amour pour la littérature, tout en laissant le soin au lecteur d’interpréter et de s’interroger afin de comprendre. Certains passages peuvent être difficiles pour les plus sensibles. Pour des raisons qu’il juge suffisantes, l’auteur a omis de faire figurer les noms de nombreux personnages ou les a modifiés. Ce livre peut être tenu pour un roman ou une œuvre autobiographique, mais il est toujours possible d’imaginer que ceci a été rapporté comme un fait et en aucun cas comme un témoignage.

« Les mots ont failli me manquer pour écrire cette critique tant ce livre m’a touché au cœur et à l’âme. Le sujet n’est pas facile à traiter et pourtant l’auteur nous entraîne dans le combat de Max contre la maladie sans tomber dans le pathos. On y frôle cette « Insoutenable légèreté de l’être » qui vous fait retenir votre respiration dans l’espoir que tout ira bien. Et oui ça va aller. Il le faut. Tant de force d’âme dans ce récit magnifiquement écrit ! J’ai lu Le pavillon des cancéreux il y a déjà fort longtemps…et je ne m’attendais pas en lisant Le Sang Blanc, à me surprendre vouloir le ressortir de ma bibliothèque pour le poser sur ma table de chevet. Merci Pascal Bezard pour ce livre. Il est juste magnifique et délicat ». Barbara G. Derivière

L’impact

pascal-bezard-limpactDans les années 80, un adolescent, Tom, voit sa mère se retrouver en prison. Atteint au plus profond de lui-même, sa vie va être bouleversée ainsi que celle de plusieurs autres personnages de l’histoire. C’est autour de ces tourments que l’auteur a choisi de bâtir ce roman psychologique et dramatique. Par-delà les attitudes complexes, les péripéties amoureuses, les mystères de l’égarement traversant les dangers, l’auteur retrouve quelques-uns des thèmes qu’il avait déjà évoqués dans « Le sang blanc » : les réactions face aux changements de situation, l’importance du soutien moral et sentimental, l’absurdité de la recherche de la vérité et de la justice, qui vont chacun à leur tour nous raconter ce long choc émotionnel dont nul ne sortira indemne.

« Un roman en forme d’uppercut, un impact, au sens propre comme au figuré. L’histoire de Tom, un ado qui ne demandait rien à personne, jusqu’à ce que sa mère soit incarcérée après un accident de voiture. Son père alcoolique ne sera pas un soutien. Tom, mineur au moment des faits, va devoir se débrouiller seul. Ce sont les rencontres qu’il fait qui vont l’aider à survivre. J’ai été bouleversée par le récit de cet ado qui affronte la tempête de la vie. Et d’autant plus émue d’apprendre que ce n’est pas vraiment un roman, mais bien un récit auto-biographique, quelque peu romancé. J’ai retrouvé dans ce livre, le style incisif que j’aime tant de l’auteur. Un style sans fioriture, sans blabla, où il ne nous perd pas en détails inutiles, et nous tient la main pour affronter l’épreuve en même temps que ses personnages. Encore un bouquin de Pascal Bezard que j’ai aimé ». Barbara G. Derivière

La fille du week-end

pascal-bezard-limpactGisèle S. est l’héroïne bien réelle de ce roman aussi fidèle aux exigences de l’authenticité qu’à celles de la vérité. Elle sera, tour à tour, la jeune fille délurée, la femme déchirée, la mère protectrice, la compagne du week-end et surtout la passagère épanouie du train de la vie. Pour l’auteur, il y a le défi de remonter le temps à travers ce parcours où un drame humain s’est produit, il y a longtemps. Sur un mode presque policier, Pascal Bezard conduit le lecteur d’une ferme familiale aux consultations divinatoires, d’une disparition aux rencontres sans lendemain, ou encore d’un épanouissement personnel à l’aveu contenu pendant vingt ans. Tel est ce cheminement qui traite des péripéties de la vie d’une femme, avec ses espérances, ses désillusions, ses épreuves et ses évolutions, où il s’agit aussi d’intégrer des relations, des convictions et un ultime témoignage qui permet de retraverser, dans ce qu’il y a de meilleur et de pire, tout ce livre.

« Ceci n’est pas un livre. C’est un opus dans toutes ses définitions possibles. Un extrait de vie, un empilement de cailloux plus ou moins gros qui construisent tantôt des chemins tantôt des forteresses. C’est un poème avec ses rimes, sa rythmique, ses redondances, ses fractures, ses enjambements. C’est une métaphore. Comme un leitmotiv que tout le monde reconnait. Le temps qui passe comme un train qui fend la campagne avec des escales, des gares plus ou moins accueillantes, des passagers que l’on aime ou que l’on tolère, au gré des voyages. C’est un hommage. La biographie de Gisèle S. qui raconte son récit sous la plume délicate de Pascal Bezard. La vie ordinaire d’une femme pas ordinaire. Dans laquelle on se retrouve, on se heurte, on se lamente, on sourit, on espère, on s’interroge, on en veut encore. L’auteur nous avertit : « Finalement, le train de la vie verra toujours monter et descendre des voyageurs…nous ne sommes tous que ses passants ». J’ai aimé, évidemment ! Comment ne pas aimer ?! Merci Pascal pour ce moment de magie. Merci Gigi de vous être racontée ». Barbara G. Derivière

Le Captain’ (nouvelle)

pascal-bezard-limpactCette nouvelle relate le passage d’un homme hors du commun, connu pour sa bienveillance et sa zen-attitude, dans le vaste monde numérique. Pascal Bezard ouvre les tiroirs de sa mémoire, en survolant sa trace et raconte ses activités sur le net jusqu’au bout du voyage, même si…

« C’est une bien jolie nouvelle que Pascal m’a offert là. Un hommage à un homme qu’il admire, altruiste et militant, spécialiste de la cyber criminalité. Oui il faut se méfier d’internet. Ce monde peut être trompeur et malveillant. J’aime beaucoup quand Pascal Bezard écrit aussi sur la vie des autres. Il sait les mettre en valeur et nous décrit du vivant, de l’émotion, de l’humain quoi ! Et clin d’œil sympa sur l’évolution du net depuis 30 ans…j’avais presque oublié l’existence du modem ». Barbara G. Derivière

 

Retrouvez Pascal Bezard et ses livres sur sa page auteur.

L’interview

Au début des années 80, un jeune homme anime le vendredi soir une émission musicale sur une radio locale. Nous sommes dans une sous-préfecture du nord de la Loire-Atlantique, au milieu de nulle part entre Nantes, Laval, Rennes et Angers. Cet homme, aujourd’hui écrivain, s’appelle Pascal Bezard. Il est avec nous sur Radio Châteaubriant pour nous raconter son histoire. Pascal Bezard, bonjour

Bonjour Barbara et merci de m’avoir invité dans ton émission sur Radio Châteaubriant, radio chère à mon cœur puisque moi aussi tu vois, j’ai animé une émission il y a longtemps. C’était en 82 ou 83. La radio s’appelait RCL à l’époque, Radio Châteaubriant Locale. On était plusieurs à animer, on faisait une émission sur le rock’n’roll. L’émission s’appelait Fifties Rock’n’roll. C’était le vendredi soir à partir de 22 heures et ça durait deux heures jusqu’à minuit. Et puis, on passait des disques sur les rock and rollers des années 50. Genre Jean Vincent, Cochran… Voilà, tu vois. J’avais un pote qui s’appelait Texan et une copine qui s’appelait Cathy à l’époque, castelbriantais tous les deux. Et on s’amusait bien à préparer tout ça, chez le Texan d’ailleurs. Voilà.

Et comment tu es arrivé à cette expérience radiophonique ?

C’était bizarre, on traînait un peu dans les bars. Il y avait le bar de la Renaissance à l’époque, qu’ un ami rocker aussi tenait. Quand les radios locales se sont installées à Châteaubriant, c’était monsieur Boisgard qui supervisait ou chapeauter tout ça. Et il avait mis un local à disposition de deux ou trois gars pour s’en occuper un peu. Le directeur de l’époque qui s’appelait Franck Keller. Il est devenu célèbre après parce que je crois qu’il est devenu directeur de France Bleu Loire Océan, une radio assez importante sur Nantes, d’ailleurs.

Et donc, on connaissait les gars. Ils sont venus. On discutait, on buvait des coups et ils nous ont demandé un jour si on avait deux ou trois parmi nous, parmi toute l’équipe qui traînait dans le bar, si on voulait faire une émission de rock, nous, ça nous a enchantés. C’était super comme ambiance.  Enfin bon, voilà, et nous, on aimait ça.

On peut rappeler qu’on est au début des années 80. C’est l’explosion des radios libres à l’époque…

Oui, oui, tout à fait. Oui, c’était l’explosion, comme on dit à l’époque. Tout le monde pouvait s’y mettre. Ça changeait un petit peu des radios, comment dire, nationales, genre RTL ou Europe 1 (ah ! la pub ?) Et voilà, on pouvait faire…on avait plus de liberté d’expression. C’était super tu vois. On faisait un peu plus, nous, des émissions, genre ce qu’on voit maintenant sur Skyrock ou NRJ. Les animateurs étaient plus libres.

C’était du direct ?

Ah oui, c’était en direct ! On avait un DJ, Gérard, qui était très impliqué par rapport à nous, qui préparait toutes les chansons numérotées, tous les disques, les 33 tours ou les LP, ça dépend. Il se les passait un petit peu à l’oreille avant de les envoyer, puis ça donnait à peu près…

Ça donnait quoi ?

Oh, ça donnait heu…et bien bonsoir à tous et à toutes. On est très heureux de vous retrouver ce soir pour deux heures d’émission de rock n roll. On va vous passer une petite chanson. Si vous devinez la chanson, vous pouvez toujours appeler au 28 ou 81 machin, c’était le numéro de l’époque et vous aurez gagné, vous aurez à gagner deux places pour ceux qui trouvent et les plus rapides, deux places, au cinéma Le Sélect où vous pourrez voir un film. Voilà ! Donc mon petit Gégé, tu vas envoyer la sauce, tu vas nous envoyer What’d I say ! Ah non faut pas dire le titre !  Ah si What’d I say c’est bon ! Mais vous pouvez, vous pouvez trouver le nom…Voilà !

C’est bon Pascal, tu nous a convaincus. Si on doit animer un direct sur Radio Chateaubriant pour présenter une émission de rock, on t’embauche c’est ça ?

Ouais, ouais.

Châteaubriant, c’est la commune où tu es né dans les années 60. Tu m’as dit en préparant l’émission que tu y as vécu à peu près 35 ans et aujourd’hui, tu vis dans une autre région. Parle nous de ta ville.

Ah ma ville… Rien que le fait de m’en parler…ça fait à peu près quatre ans que j’habite en Auvergne. Maintenant, j’habite sur le plateau de Gergovie, en fin de compte, au pied du plateau de Gergovie, qui est un site remarquable à côté de Clermont-Ferrand, un peu perdu dans la montagne, il faut bien le dire… Quand j’entends parler de Châteaubriant, rien que le fait de me retrouver pour moi ici avec toi d’ailleurs, ça me fait bizarre.

J’ai plein de souvenirs, plein de choses, plein d’images qui me remontent dans la tête. À commencer par mes études au lycée, au lycée Nazareth Saint-Joseph. Le fait de parler de toutes les ambiances dans les cafés, les parties de baby-foot, de flipper, le billard, les concerts, le McDonald, l’appartement où j’ai habité à la rue Couëré, tu vois la fameuse usine Huard. Mes premiers petits boulots, mes amis, mes parents aussi. Un fait divers qui a été pour moi un drame de ma jeunesse et de mon adolescence. Mes potes, mes copines, des gens que j’ai connus, des rencontres, puis aussi mes départs, mais retours aussi, l’emprise de cette ville quoi.

Tu évoquais le souvenir de l’usine, tu me disais que tes petits copains d’école avaient tous leurs parents plus ou moins qui bossaient…

Oui, disons que l’usine employait la moitié des pères de famille de Châteaubriant. Il y a eu l’explosion de cette usine qui embauchait à tour de bras et qui n’avait pas son père qui ne travaillait pas chez Huard à l’époque. Donc, on se retrouvait à 30 dans une classe, il y en avait 20 ou 25 dont le père travaillait à l’usine Huard. C’était normal.

Châteaubriant, on disait dans l’introduction que c’est un peu au milieu de nulle part. Une ville rurale. Toi, tu as fait des allers retours ?

Ah oui, oui, t’as raison. Oui, c’est une ville rurale. C’est un carrefour puisque, comme tu dis tout à l’heure, les grandes villes sont axées à 50 km au minimum. Donc de Châteaubriant, c’est vrai qu’on est plus nantais. On va plus sur Nantes, qui est une plus grande ville que Rennes, par exemple. Donc moi, j’ai poursuivi mes études après sur Nantes d’ailleurs, où j’ai habité d’ailleurs quelques années. Je suis revenu sur Châteaubriant puisqu’après, j’ai travaillé longtemps sur Châteaubriant dans une entreprise, on va dire avec des coupures, mais pendant à peu près une quinzaine d’années, donc, ce qui m’a poussé jusqu’à 35 ans quand même à rester sur Châteaubriant. Et puis après, je suis parti à une cinquantaine de kilomètres où je suis resté à peu près une quinzaine d’années encore. Et depuis, je vis en Auvergne.

Tu évoquais tout à l’air un drame que tu as vécu. À Châteaubriant, tu as eu beaucoup d’expériences que tu relates dans les livres que tu as écrits, puisqu’aujourd’hui, tu es écrivain. Tu as publié une nouvelle et trois romans. Et on peut peut-être commencer par parler de l’Impact, qui est ton second livre et qui se passe à Châteaubriant et qui raconte l’histoire de Tom.

Raconter l’histoire de Tom. Alors, on peut le lire de plusieurs façons. Ce livre, on peut le lire comme un roman avec un personnage raconté par un écrivain narrateur, et on retrouve évidemment la ville de Châteaubriant, qui n’est pas mentionnée dedans. Elle n’est jamais citée, d’ailleurs. Par contre, les personnes qui sont castelbriantaises retrouveront facilement, grâce aux indices que je mets toujours en filigrane ou en parallèle, beaucoup d’endroits qu’ils connaissent peut-être, des personnes qu’ils ont connu aussi à cette époque-là, toujours en 1980 ou 81, au début des années 80.

Après on peut le lire d’une manière différente, c’est à lire, comme si l’auteur que je suis était le personnage principal, c’est-à-dire Tom, puisque Tom vit un drame psychologique qui éprouve un petit peu, même fortement son adolescence suite à un fait divers qui s’est passé quand même dans cette ville à l’époque et qui a suscité un peu d’émotion à gauche et à droite.

Oui, en effet, suite à ce drame, Tom se retrouve livré à lui-même. Tu es tout jeune à l’époque, au moment des faits.

Oui, dans le roman, il doit avoir, je pense, 16 ou 17 ans de mémoire, puisque je relis pas mes livres sans arrêt, sans arrêt. Ça m’émeut trop. J’évite de pleurer en ouvrant, en feuilletant n’importe lequel de mes livres d’ailleurs. Oui, Tom, disons que sa mère va avoir un accident de voiture. C’est très, très particulier. Il faut lire le livre pour comprendre. Et disons que comme ses parents sont en instance de divorce, il est un peu ballotté en ballotage entre son père et sa mère, qui s’entendent vraiment mal parce que les divorces, à l’époque, étaient très mal perçus. C’était très compliqué à gérer. Beaucoup plus que maintenant dans les familles. Et les enfants, évidemment, n’en sortent pas indemnes non plus.

Et Tom ? Bien évidemment, on va incarcérer sa mère puisqu’il va y avoir une enquête comme il y a des morts en face. Et ça va durer à peu près deux ans, pendant deux ans, comme il vivait avec sa mère, il va se retrouver un petit peu à la rue puisqu’il ne parle pas à son père et qu’avec son père, c’est encore en conflit. Et voilà. Donc, il va essayer de se débrouiller à gauche, à droite, à faire des petits boulots, essayer d’être hébergé par des personnes, par des amis. Enfin, il y aura un parcours jusqu’au procès. Un sujet, un sujet assez grave quand même pour l’époque, même toujours maintenant, puisque souvent, la machine judiciaire broie beaucoup plus qu’elle ne réhabilite. Donc, c’est un roman particulier. Un roman assez sombre. Mais bon, ça se situe à Châteaubriant, évidemment, et ça s’est bien passé à Châteaubriant.

C’est un roman qui est auto édité, comme tous tes livres. C’est un choix de ta part d’avoir choisi l’auto édition ?

On peut dire oui. L’auto édition ? Oui, ça existe depuis le début des années 2010. Y’a une plateforme très connue qui s’appelle Amazon, qui permet à n’importe quel écrivain en herbe de publier lui-même. C’est un distributeur Amazon, c’est pas autre chose. Ce n’est pas ni un éditeur, ni un imprimeur, ni rien. Vous déposez votre bouquin, vous le vendez, vous mettez le prix que vous voulez. Les gens peuvent aller dessus, c’est de la e-boutique et n’importe qui peut le faire, à condition d’avoir quelques petites notions informatiques.

Moi, quand j’ai sorti mon premier roman avant l’Impact, c’est à dire le Sang blanc…ils sont sortis tous les deux la même année, le Sang blanc au début de l’année, l’Impact à la rentrée littéraire, comme on dit au mois de novembre, je pense, de la même année. Quand j’ai eu le manuscrit du Sang blanc dans les mains, j’ai envoyé aux grandes maisons d’édition le manuscrit. On a essuyé des refus parce que bon, apparemment, il était pas assez bien présenté, pas assez bon à l’intérieur. Ça les intéressait pas le sujet. Enfin, voilà je me suis renseigné. J’ai été voir des imprimeurs, des éditeurs, des petites et moyennes maisons d’édition. Ils me demandaient de l’argent pour tirer mon livre. Ça m’a pas spécialement intéressé. Quand on vous demande 3.000 ou 5.000 euros pour être publié et après, vous vous débrouillez avec votre baluchon, non. Donc, on fait la même chose sur Amazon. Seulement, il y a du travail. Ce n’est pas vraiment un travail, mais c’est quand même du travail.

Pour que les auditeurs comprennent bien, un éditeur peut te proposer, soit une édition à compte d’auteur, soit à compte d’éditeurs. Et ce que tu évoques sur le fait que l’auteur doit donner de l’argent à l’éditeur, on est bien dans le cadre du compte d’auteur.

Deux choses un compte d’auteur ou un compte d’éditeur. Donc, si vous avez un compte d’éditeur, c’est à dire qu’il fait la même chose que ce que je vous ai cité précédemment. Il s’occupe de tout. Seulement le problème, souvent 99 fois sur 100, il ne distribue pas ou très peu. Ils ne font rien du tout derrière. Ils ont édité votre bouquin et vous vous retrouvez avec deux ou trois cents bouquins. Vous êtes bons pour les vendre vous-même ou faire les salons, les dédicaces. Quitte à casser les prix, etc… Vous avez le même truc à compte d’auteur, à compte d’auteur, là, par contre, ils vont vous demander de l’argent. Ce sont des prestataires de services qui vont vous dire, voilà, nous, on va vous faire votre bouquin, donnez-nous votre manuscrit, on va s’en occuper. Ah bah oui. Alors, si vous voulez corriger ça, vous coûter 1000 euros de plus si vous voulez faire votre couverture, ça va vous couter 1000 balles de plus si vous voulez ceci ou cela.

Donc après, vous allez facilement retomber sur la première chose, c’est à dire le compte d’éditeur. Sauf que là, ça va vous coûter de l’argent. Alors faites bien attention avec ça. Soyez très vigilants, très prudents, parce que souvent, c’est plus ou moins masqué, surtout sur Internet où les propositions, les pages, les groupes affluent, tout ce qu’on veut et ces sites-là. Alors, surtout si vous avez acheté un broché ou un e-book pour un auto édité, n’oubliez pas quelque chose de très important pour l’auteur, c’est de lui laisser un commentaire avec des étoiles parce que la visibilité est beaucoup plus importante à partir de 25 ou 50 commentaires pour un livre, pour un auteur auto édité. Et ça, c’est génial, c’est un régal.

Alors moi, Pascal, c’est comme ça que j’ai été connu, par les réseaux sociaux et la promotion de tes livres auto édités sur des pages Facebook. Tu le citais, le premier livre que j’ai lu de toi, c’est le Sang blanc.

Oui, le Sang blanc, oui. Alors évidemment, après, j’ai oublié de dire que notre promotion, c’est à nous de la faire via le réseau social. Le Sang blanc c’est mon premier livre. Ça raconte un an de ma vie passée à l’hôpital suite à une annonce d’un cancer du sang qu’on appelle lymphome. J’ai passé un an de ma vie à l’hôpital à me battre contre cette maladie. Je n’aime pas ce terme, me battre ou de combat ou quelque chose parce que je ne l’ai jamais employé dans mon livre et je ne pense pas qu’on puisse se battre contre la maladie, mais par contre, on peut essayer d’y résister et d’encaisser.

Moi, c’est un parcours particulier puisqu’il est assez atypique. On m’a raté quand même. On m’a flingué un poumon, j’ai un coup de sabre, une balafre dans le dos qui me prend la moitié du dos et j’ai décidé de faire ce livre pour expliquer aux gens déjà savoir ce que c’est, comment ça se passe, tout le protocole, ce que c’est une greffe, une auto greffe. Enfin, tout le bataclan. Et surtout, on n’en sort jamais indemne. Même si on en guérit parce que c’est très long la guérison. Il faut six ans pour être guéri d’un cancer. Vous êtes en rémission avant. Enfin j’explique tout ça et voilà un parcours assez atypique, peu courant.

Ce qui m’a frappé dans ce roman, à travers le personnage de Max, qui vit cette expérience-là, c’est que…il y a deux choses qui m’ont frappé. Il y a d’une part ta capacité à l’autodérision parce que c’est écrit avec une forme d’humour qui est assez particulière. La deuxième chose qui m’a marqué, c’est les livres qui ont accompagné ton personnage.

L’autodérision, oui, c’est un peu comme dans la vie puisque là, le personnage de Max, celui qui est atteint du cancer, le héros du livre, entre parenthèses ou entre guillemets, c’est bien moi, je l’ai écrit de cette manière là puisque pour moi, la littérature, c’est pas du moi je moi je, ça me convient pas. J’ai toujours aimé lire. J’ai quand même une belle petite formation littéraire. Et les écrivains quand même sous le coude que j’aime bien et non des moindres, puisque moi, je les cite dans mon livre. D’ailleurs, j’en ai cité quelques-uns. On ne peut pas tous les citer. J’ai dû citer Jean-Paul Sartre, je pense. J’ai du citer Ernest Hemingway, Alexandre Soljenitsyne, Bernard-Henri Lévy que j’aime bien. Très controversé, mais bon. J’adore son écriture.

J’ai fait aussi dans ce livre, là il faut être un lecteur assidu pour le voir, quelques hommages à certains auteurs en écrivant des passages selon leurs propres méthodes ou leur style. Je pense à John Dos Passos qui a écrit Manhattan transfer ou La grosse galette, si vous connaissez, qui avait une écriture particulière, celle, par exemple, de superposer ou juxtaposer plusieurs images dans un passage. Une méthode qui s’apprend et qui s’étudie. Donc, oui, je parle aussi que quand on m’a hospitalisé, la première fois, je suis resté presque deux mois sans sortir de ma chambre. J’y suis retourné après, mais enfin bon, plusieurs fois. Quand je suis parti, j’ai emmené deux livres avec moi qui ne sont pas nommés dans le Sang blanc, mais qui sont assez faciles à détecter puisque les indices sont aussi gros que le nez au milieu de ma figure. Donc, il s’agit de « Pour qui sonne le glas », d’Hemingway. Et puis l’Archipel du Goulag de Soljenitsyne, voilà, qui ne m’ont jamais quitté. Et ces livres-là, si vous savez lire le Sang blanc, ils sont en filigrane et ils vont avec l’évolution de la maladie de Max, plus ou moins ouvert, plus ou moins abandonné, plus ou moins enfoncé dans la lecture. Enfin, bon, à vous de voir, jusqu’à ce que les mots ne servent plus à rien ou les images ne servent plus à rien jusqu’à ce que ça Max arrête de lire, qu’il se sente un peu guéri ou qu’il voit que ça commence à être bon.

Avec ta permission, j’aimerais lire un extrait du Sang blanc, que j’ai choisi et qui parle justement de ces livres qui t’accompagnent.

Oui.

« Max et les écrivains et les livres. Aperçu. Le premier qu’il a vraiment aimé, il est venu par hasard, il l’a ouvert comme ça. On venait de l’offrir à son amie. Ce fut La Nausée, comme pris à la gorge, puis transporté par l’auteur. Suivant. Le mur, l’imaginaire avec Hegel et Heidegger à ses côtés et un dictionnaire qu’on consulte toutes les minutes. Les romans, les essais, le théâtre, les entretiens. La philosophie, les mots. Les auteurs américains ensuite, avec en tête le plus charismatique d’entre eux. Et un petit livre d’une beauté inégalée qui lui valut le Nobel alors qu’on le classait déjà parmi les has been.[…] Max, c’est vrai. Il l’avoue devant ses amis. Ironiquement ou lâchement, il aime la littérature du vingtième siècle. Elle l’implique. Elle le touche ».

Donc cette littérature du vingtième siècle, elle t’implique, elle te touche, et elle t’accompagne depuis toujours.

Il y a tellement de choses dans ce que tu viens de lire. J’ai une multitude de choses dans la tête. C’est vrai que bon, à part tout ceux qu’on tous ceux qu’on a cités, j’en ai vu d’autres. Il y a eu Shakespeare, évidemment, puisque on sait que Hemingway a écrit Le vieil homme et la mer et qu’à la fin, Santiago ne meurt pas, contrairement à Shakespeare qui pour Hemingway a été le plus grand. C’était le plus grand Shakespeare pour Hemingway, et lui, tous ses héros meurent à la fin puisque tous les drames de Shakespeare meurent tous à la fin. C’est une obligation en littérature de mourir. Hemingway, lui, a fait un beau petit livre magnifique et très concentré, et n’a pas besoin de faire des pavés, des gros romans. Et voilà, donc, il a fait une sacrée différence.

Et voilà les Nobel… Après y’a Soljenitsyne avec Une journée d’Ivan Denissovitch. C’est l’écrivain qui a dénoncé, un drôle d’écrivain Soljenitsyne. C’est surtout un des plus grands témoins du 20ème siècle, je pense, puisqu’il a traversé le 20ème siècle. Et là, ça a été le premier à écrire pour dénoncer le goulag qui était caché par les Soviétiques pendant des années. Et on sait ce qu’il lui en a coûté. Il s’est exilé. Il a été obligé de refuser le Nobel. Oui, c’est très, très compliqué. Il faisait des boulettes, il écrivait sur des petites boulettes de papier quand il était au camp. Là-bas, il les a toutes récupérées, il les a toute remises à plat pour faire un manuscrit qu’il a mis cinq ans à le faire. C’est incroyable avec des témoignages et tout ce qu’on veut, tous les gens qu’il avait croisé là-bas…lisez l’Archipel du Goulag, vous verrez. Et lisez un roman plus court, tout aussi magnifique, que le Vieil homme et la mer, une journée d’Ivan Denissovitch et vous verrez. Toujours pareil. Il ne se nomme pas, mais le héros, c’est bien lui. Ivan Denissovitch, c’est bien Alexandre Soljenitsyne, je peux vous le dire.

Qu’est ce qu’il y a ? Il y a eu Bernard-Henri Lévy aussi, que j’ai croisé à Paris, où il était en train de donner…on est en train de se balader avec une amie, Véronique, à l’époque, qui habitait sur Paris. On parlait littérature souvent et elle était adorable. Et on se balade à Saint Germain comme ça, et elle me dit « holala regarde regarde, c’est Bernard-Henri Lévy là-bas… ». J’étais blanc. C’est vrai que lui…alors pareil, dans le Goncourt, le meilleur roman, c’est le Diable en tête, l’histoire de Benjamin Constant, c’est magnifique aussi. Un merveilleux roman et super l’histoire. Je me suis dit quand je le verrai, j’irai le voir, je lui taperai sur l’épaule, je lui dirai « j’adore vos bouquins », j’irai en acheter à la première librairie, il me le dédicacera… Et là, je tombe dessus. Et la situation est telle que comme il était penché en train de donner un billet à un type qui faisait la manche (je n’aime pas le terme SDF ni mendiant) et ça m’a un peu subjugué. J’ai hésité à aller le voir. Il est reparti, il est passé devant moi. On s’est croisés, j’étais pour l’arrêter. Je l’ai laissé parce que la situation ne s’y prêtait pas. Voilà, j’ai une admiration pour cet auteur qui a raté les Goncourt, battu par Orsenna d’ailleurs, qui est toujours cité plus ou moins, si on sait lire. Cette année-là, qu’est-ce qu’il y a eu encore ? Oui la littérature du vingtième siècle, elle me touche parce qu’elle me parle de choses qui sont pour moi très importantes. Des sujets graves.

Pascal, dans tes romans, les femmes ont une place importante. Ton dernier roman raconte l’histoire de Gisèle. C’est une histoire vraie, là aussi. Tu peux nous raconter la genèse de ce roman ?

Oui. Tout d’abord, je vais revenir sur l’importance des femmes, notamment sur celle de Lola dans le Sang blanc. Oui, beaucoup de lecteurs…j’ai eu beaucoup de retours positifs qui pensent que…qui aiment Lola. Évidemment, l’accompagnatrice du malade, Max, son compagnon et qui pensent et qui soulignent que c’est elle, l’héroïne. Alors, évidemment, elle a une grande place en tant qu’en tant qu’écrivain. C’est vrai qu’elle occupe une place très importante. C’est vrai, c’était vraiment une belle personne. Elle est mon ancienne compagne et depuis, je vis bien avec Gisèle S.

Et la Fille du week-end, oui, c’est mon dernier roman écrit en 2020, un roman particulier. On a eu des rapports très particuliers entre nous avec ma nouvelle compagne, c’est à dire que on s’est connu un peu par le biais du réseau social, sans passer par les sites de rencontres. Mais on discutait beaucoup, communiquait beaucoup et c’est vrai que ça commençait en 2017, je pense. J’ai appris un petit peu son histoire, ce drame que je raconte dans ce livre qui est une biographie, finalement. On s’est rencontrés quelques mois plus tard pour de vrai. On a vécu ensemble quasiment simultanément, aussitôt, et j’ai entrepris de commencer ce livre avec son accord en 2019. Et il faut lire le livre pour comprendre que ça n’a pas été toujours facile, pour des raisons maladives et je le dis à la fin, il y a la postface qui est très, très importante à lire, et les remerciements qui sont très, très importants pour pouvoir comprendre comment ce livre a été conçu. Un livre très, très personnel qui m’a donné énormément de mal à écrire. J’ai eu beaucoup de mal à l’écrire. Je l’ai arrêté, je l’ai recommencé, j’ai failli l’abandonner. Je l’ai formaté à mon idée. C’est moi qui ai fait le livre. Il est vraiment, vraiment très beau. Je pense que le Sang blanc est meilleur. Mais celui-là est vraiment très beau.

Il est très beau parce qu’il raconte l’histoire d’une femme courageuse, qui vit beaucoup d’épreuves et qui traverse ces épreuves avec malgré tout, beaucoup de joie et beaucoup d’espoir à chacun des rebondissements de son histoire.

Oui, oui, il y a un drame au départ. Et puis, je pense que ma plume s’est forgée autour des passages du livre, plus ou moins forts, plus ou moins fragiles. Ça se ressent dans l’écriture. Alors c’est toujours pareil, mes livres, ils ont toujours une structure particulière. Ils ont toujours une écriture particulière, malgré le fait que certains trouvent qu’il y a un style convergent entre tous les livres. Je me suis pourtant appliqué à essayer écrire de manière différente. Enfin, voilà. Et celui-ci, oui, particulièrement, est plus spécial que les autres.

Alors pour nos éditeurs, on mettra en bas de l’article tous les liens où on peut trouver tes romans.

Tu prends ma page Amazon et tu regardes là-dessus. Ça va plus vite.

On mettra le lien. Pour finir, tu as peut-être sélectionné un livre qui t’a touché, qui t’a marqué et un extrait que tu aimerais lire pour nos auditeurs ?

Oui, voilà pour terminer, je vais mettre une phrase de Pour qui sonne le glas, d’Hemingway, qui est quasiment à la fin du livre, au moment où le héros va mourir, ou sent qu’il va mourir.

« Le monde est un bel endroit.

Qui vaut la peine qu’on se batte pour lui.

Et j’ai horreur de le quitter ».

Pascal, est-ce que tu es sur la préparation d’un prochain roman ?

Du tout ! J’ai bien l’idée de me remettre un peu à l’écriture, l’été, parce que c’est une période de prédilection. Donc, je cherche. J’ai quelques idées qui mijotent un petit peu et quand je serai prêt, je commencerai. Je pense qu’en trois mois, je sortirai peut-être un nouveau livre.

J’ai hâte que tu reprennes la plume.

Je tiens beaucoup à remercier Barbara G. Derivière et la radio Châteaubriant de m’avoir invité à cette émission à laquelle j’ai pris un très grand plaisir à animer ou participer.

Pascal, merci beaucoup pour cet échange et pour avoir été avec nous sur Radio Châteaubriant.

C’est moi qui vous remercie.

À très bientôt.

 

Pascal Bezard : l’impact. Un podcast de Barbara G. Derivière, à retrouver dans l’émission Les gens sur radio-chateaubriant.com.

Musiques : ZZ Top (Gimme All Your Lovin’) / Ray Charles (What’d I Say) / Creedence Clearwater Revival (Fortunate Son) / Chuck Berry (I’m a Rocker).

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