Le Duc à la Croisade

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Le Duc à la Croisade. Gildas Salaün nous entraine aujourd’hui à l’époque de Jean 1er, Duc de Bretagne.

« Avant que nous n’arrivions en 1 316, donc pendant à peu près un siècle, donc ce sont les armoiries de Dreux qui en réalité, symbolisent le duc de Bretagne. Donc le Duc de Bretagne va l’arborer à la fois donc sur son blason, que l’on va retrouver sur les pièces de monnaie, sur les sceaux. Y compris sur les vitraux, par exemple le vitrail de Chartres qui avait été offert justement par Pierre de Dreux. Et bien le duc apparaît avec son blason portant son bouclier et avec sa tunique chargée de l’échiqueté que j’évoquais tout à l’heure. Nous arrivons à une première série de pièces de monnaie dont la symbolique est extrêmement importante. Je le disais en introduction, une pièce de monnaie, c’est un support médiatique.

Une pièce de monnaie, c’est un support médiatique

Nous sommes en 1 265. Le Duc de Bretagne est alors Jean premier, Jean 1er Le Roux, et ce Jean 1er Le Roux souhaite suivre Saint Louis à la Croisade. Mais pour partir à la guerre, pour partir à la Croisade, je ne vous apprends rien, le nerf de la guerre c’est l’argent. Et bien le Duc de Bretagne va faire fondre une partie, notamment de sa vaisselle, de son trésor comme on dit en général, pour faire frapper des pièces de monnaie.

Jusqu’à présent, traditionnellement, il y avait simplement le blason de Dreux, figuré sur les pièces. Et bien là le blason de Dreux qui jusqu’à présent adoptait la forme de l’écu triangulaire que l’on connaît traditionnellement, va prendre subitement une forme carrée. Cette forme carrée en fait, ça n’est pas un bouclier, ça n’est pas un écu. La forme carrée représente l’étendard, ou pour mieux dire à l’époque la bannière. Parce que pour aller faire la guerre, il faut appeler l’armée, et pour appeler l’armée, ou appeler l’ost comme l’on disait à l’époque, il fallait lever la bannière.

Quand on lève l’armée en réalité, on lève la bannière

Quand on lève l’armée en réalité, on lève la bannière. Donc il fait frapper des pièces pour payer ses soldats. Et pour appeler ses soldats, il fait mettre une bannière qu’il arbore justement pour appeler son armée. Pour partir à la croisade on y part en bateau. Il fait frapper dans la même série, une autre pièce qui représente cette fois un navire et pas n’importe quel navire. Un navire qui est surmonté d’une très belle croix. Donc cette série, ou ces deux séries de pièces, vous représentent l’appel de l’armée, l’embarquement de l’armée, et le paiement de l’armée, grâce à ces pièces de monnaie.

L’importance symbolique des pièces se repère aussi sur d’autres supports comme par exemple les sceaux. Pour la même époque, il existe (on en a que deux exemplaires) mais il existe le sceau de la prévôté de Nantes, qui représente notre Duc Jean 1er, debout, en armure, plutôt en côte de maille, portant son heaume, tenant son bouclier, brandissant l’épée debout sur un navire. Et derrière le navire, il y a une étoile et le croissant de lune. Vous avez, là, représenté, en complément des pièces de monnaie, le Duc de Bretagne qui part à la guerre.

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Dans toutes les légendes il y a un fond de vérité

Mais cette histoire, si c’est une histoire réelle, a aussi marqué les consciences et a marqué le souvenir. Les anciens vous diront que dans les ruines du château de Suscinio, jadis, le fantôme du duc errait. Et vous avez une légende qui avait été collectée à la fin du 19e siècle, qui vous explique que le fantôme du Duc dans son château de Suscinio, passait sa main sur ses piles d’écus d’or pour s’assurer qu’elles étaient toutes de la même taille.

Et comme dans toutes les légendes il y a un fond de vérité, parce qu’effectivement, Jean 1er, qui avait fait fondre une partie de son trésor comme je le disais, avait fait envoyer son argent et ses troupes à Suscinio pour embarquer, et ensuite aller jusqu’en Terre Sainte. Mais il n’avait pas eu le temps de récupérer l’ensemble de son trésor. La dernière partie, il l’a récupérée à Marseille, le trésor est arrivé à pied ou à cheval, tandis que la flotte ducale avait fait donc le contournement jusqu’à Marseille, avant de partir en Terre Sainte. Un exemple d’une légende clairement appuyée sur un fait historique. »

Le Duc à la Croisade est un épisode du podcast de Gildas Salaün, Histoires de monnaies.

Musique : J.S. Bach Suite In E Minor, BWV 996 – Transp. In G Minor / Göran Söllscher /Jethro Tull

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