Noëmi Waysfeld : le Temps de rêver, son nouvel album sort chez Sony ce 24 mars 2023. Noëmi Waysfeld explore toutes les couleurs de la poésie française, de Baudelaire à Aragon, avec la complicité du Quatuor Dutilleux et du pianiste David Kadouch. La chanteuse chemine avec grâce entre la musique “classique”, celle d’un Duparc ou d’un Fauré, et des chansons de Gainsbourg ou de Trénet, illuminant de sa voix si singulière les mots des poètes.
“Ce sont les mots qui me guident”,
Le Temps de rêver de Noëmi Waysfeld
« Aragon écrit « Le temps de rêver est bien court. » On oserait presque rajouter qu’il est bien trop court. Et si rêver était justement ce qui nous permettait de rejoindre d’autres lieux précieux ? Ceux de l’indicible, de la poésie, de la vérité. » Marie De Chassey
Comment est né cet album ?
C’est grâce à Pierre Bleuse, chef d’orchestre et directeur du festival Pablo Casals de Prades, qui m’a proposé une carte blanche avec le quatuor Dutilleux. Avec les musiciens, on s’est retrouvé autour de la poésie française et des compositeurs : Fauré, Poulenc mais aussi Kosma, Gainsbourg, Trénet… Et la rencontre avec Sony a permis que ce programme devienne un disque.
C’est quoi “le temps de rêver” ?
Cet album, c’est une rêverie dans le sens que lui donne Bachelard. Il ne s’agit pas de dormir mais de trouver cet état de disponibilité à l’émotion et à la sensation. “Le temps de rêver”, c’est donc à la fois l’atmosphère chatoyante et tendre de cette musique, mais c’est aussi une manière d’interpréter : il faut entrer dans le rêve, se laisser traverser par la musique et les mots, à l’opposé de toute idée de performance.
Qu’est-ce que ça signifie pour vous de chanter des poètes comme Baudelaire ou Aragon ?
Baudelaire a une place importante dans cet album. Il y a quelque chose de très humain dans son spleen et dans les impressions intimes qu’il nous livre. Mais j’aime aussi énormément Prévert ou Eluard. C’est mon premier album entièrement en français, il m’aura fallu du temps. J’ai eu besoin de voyager au pays de mes origines, d’explorer d’autres langues avant de trouver une forme d’intimité en français.
Pourtant ce qui frappe dans cet album, c’est bien votre rapport aux mots…
Quelle que soit la langue, ce sont toujours les mots qui me guident. J’ai un vrai plaisir, ludique et sensuel, à les dire. Je viens du théâtre et j’adore la littérature, j’essaie d’être une raconteuse d’histoires. C’est par exemple tout mon travail sur une mélodie comme L’Invitation au Voyage de Duparc pour trouver cette cohérence intime entre le texte et la musique. Quand je lis “Mon enfant, ma sœur”, ces quelques mots ouvrent un monde de sensations et d’images. Et c’est ça que je veux faire entendre plutôt qu’un joli son.
Comment passe-t-on de Duparc à Trénet ?
Fauré, Duparc, Gainsbourg ou Trénet, pour moi ce sont tous des grands et je ne sais pas faire autrement que de mélanger musique “populaire” et “savante”. Mais c’est aussi le quatuor qui permet d’oublier si c’est Ferré ou Fauré grâce à leurs arrangements extrêmement fluides, leur intelligence de la musique et leur ouverture d’esprit. A la fin, ça crée un véritable espace de liberté.
Justement, qu’est-ce que ça change pour vous de chanter avec un quatuor ?
J’aime énormément les mélodies originellement composées pour piano et voix. En chanter quelques-unes avec David Kadouch est un grand plaisir car je suis très touchée par son jeu, son approche de la musique. Le quatuor à cordes apporte aussi une forme d’abstraction, de féérie.
